La souveraineté, c’est l’idée de pouvoir décider soi-même, sans dépendre des autres. Cela peut concerner un pays, une entreprise, ou un secteur. On parle de souveraineté économique, industrielle, numérique ou alimentaire. L’objectif est de garder la main sur ce qu’on fait, de rester autonome. 

Mais selon les pays, la souveraineté ne se vit pas de la même manière.

Aux États-Unis, elle passe surtout par la puissance. Le pays crée ses propres géants technologiques comme Google ou Amazon, impose ses règles à l’international, et contrôle des secteurs clés comme la défense ou le numérique. L’idée est claire : rester leader et influencer le reste du monde.

En France, la souveraineté est plutôt vue comme une protection. On parle de relocaliser ses usines, de moins dépendre d’autres pays pour certaines ressources, ou encore de garantir l’accès à l’énergie ou aux médicaments. L’objectif est d’assurer une forme d’autonomie dans un monde instable.

Deux approches différentes mais qui partent d’une même idée : celle de rester maître de ses choix dans un contexte de crise. 

Quand les priorités ne vont pas dans le même sens

La RSE, pour Responsabilité Sociétale des Entreprises, est une démarche qui pousse les entreprises à agir de façon plus responsable. Ça veut dire faire attention à l’environnement, aux conditions de travail, aux droits humains, et à l’impact global de leur activité. C’est une façon de produire autrement, en pensant aussi aux autres. Mais cette logique peut parfois s’opposer à celle de la souveraineté. Par exemple, une entreprise engagée en RSE va parfois choisir un fournisseur éthique à l’étranger, ou suivre des règles imposées par des labels ou par l’Union européenne. Elle va coopérer, s’ouvrir, dépendre de certains partenaires. À l’inverse, une entreprise qui cherche à être totalement souveraine va vouloir tout faire elle-même, localement, avec ses propres règles. Du coup, les deux visions peuvent se contredire. L’une veut tout maîtriser, l’autre veut travailler avec les autres.

Quand les deux peuvent aller ensemble

Même si elles semblent opposées, la RSE et la souveraineté peuvent parfois fonctionner ensemble. Certaines entreprises choisissent de relocaliser leur production en France, tout en respectant les normes sociales et environnementales. Par exemple, la marque Rossignol qui produit des skis, a déplacé une partie de sa production de skis depuis l’Asie vers la France en Haute-Savoie. C’est une démarche à la fois stratégique et responsable. La proximité de l’usine permet de réduire les émissions liées au transport, de renforcer la maîtrise des processus de fabrication, et d’appuyer un label « Origine France Garantie ». Cette relocalisation illustre parfaitement comment regagner en autonomie tout en s’engageant dans une démarche RSE. 

D’autres investissent dans les énergies renouvelables, comme l’éolien ou le solaire, pour être plus autonomes tout en agissant pour la planète. 

Il y a aussi des entreprises qui développent des outils numériques responsables et hébergés localement, pour protéger les données des utilisateurs, c’est le cas d’Oodrve, une entreprise française spécialisée dans la gestion sécurisée des données et des documents sensibles. Elle propose des solutions cloud qui garantissent une totale souveraineté des données, sans dépendance aux géants américains. Oodrive travaille également sur des infrastructures locales et limite son empreinte environnementale en optimisant l’efficacité énergétique de ses services. 

Valérie Libert, coach et formatrice en RSE, va plus loin et confirme ce lien possible entre les deux approches. « Pour moi, plus une entreprise est engagée en RSE, plus elle est souveraine. La RSE pousse à éviter la dépendance économique, comme celle à un seul client, ce qui fragilise une entreprise. Être responsable, c’est aussi diversifier ses revenus, sécuriser ses choix, et inclure les parties prenantes (salariés, clients, fournisseurs…) dans les décisions. Plus on implique les autres, plus on est éclairé, et moins on subit. RSE et souveraineté partagent un point commun : l’autonomie. »

Vers un nouveau modèle 

Aujourd’hui, avec les crises économiques, écologiques et géopolitiques, il devient urgent de revoir nos façons de produire, de consommer et de s’organiser. Ni la souveraineté, ni la RSE seules ne suffisent.

Les entreprises, comme les États doivent trouver un équilibre entre indépendance et responsabilité. Le but n’est plus seulement de se protéger ou de bien faire, mais de construire de modèles durables, solides et cohérents avec les enjeux actuels. 

Peut-être que la clé, c’est justement ça : inventer une forme de souveraineté responsable, capable d’assurer l’avenir sans se couper du monde.