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La prostitution des mineures prend de plus en plus d’ampleur en France, au fil des années. Un...
2025-05-27T00:00:00+02:00
La prostitution des mineures prend de plus en plus d’ampleur en France, au fil des années. Un phénomène souvent invisible mais bien réel. À Marseille, cette réalité a été mise en lumière par Claude Ardid et Nadège Hubert, qui ont suivi en immersion la brigade de répression du proxénétisme en 2024.
Claude Ardid n’en est pas à son coup d’essai. Journaliste, grand reporter et écrivain, il a commencé sa carrière à Var Matin, avant de collaborer et de rejoindre Envoyé Spécial.
Son travail a été récompensé à plusieurs reprises, notamment au Festival du scoop d’Angers, pour son enquête sur la canicule en France : “Canicule : les dysfonctionnements d’un système.“ Il a également sorti un documentaire percutant “Jeunesse à vendre“ qui dénonce également la prostitution, en montrant le combat sans merci des filles et de leurs parents.
Avec À coeur perdus, il signe son neuvième livre, fidèle à ce qui l’anime depuis toujours : raconter l’humain, même dans ce qu’il y a de plus sombre.
De cette enquête est né un livre bouleversant : À coeur perdus - Enquête sur la prostitution de mineures, paru le 6 mars 2025 aux éditions Mareuil. Claude Ardid y livre des témoignages glaçants, qui racontent sans filtre et sans détours ce qu’il se passe dans les rues sombres de la cité phocéenne.
On y découvre des jeunes filles de 13, parfois même 11 ans, prises aux pièges d’un système de domination, de drogue et de violence. Leurs proxénètes, souvent à peine plus vieux qu’elles, ont entre 15 et 17 ans. Ils leur confisquent leurs papiers, leur téléphone, les droguent et les isolent pour mieux les contrôler. Ils viennent de Marseille, Toulon ou Nice et se fondent dans le décor, une preuve de plus que l’habit ne fait pas le moine.
L’auteur avance un chiffre effrayant : environ 20 000 mineures seraient concernées par la prostitution en France, de manière encadrée ou “indépendante“. Une réalité qui dérange.
Les réseaux sociaux jouent un rôle important dans le recrutement et l’exploitation de ces mineures. Les proxénètes utilisent Snapchat, Instagram ou bien TikTok pour entrer en contact avec leurs victimes, les séduire et les manipuler. Ils profitent ainsi de la naïveté et de la vulnérabilité des jeunes filles pour les attirer dans leur piège. La prévention et l’éducation sont donc des éléments importants dans la lutte contre la prostitution des mineures. Il est donc essentiel de sensibiliser les jeunes aux dangers des réseaux sociaux et de la rue, mais surtout à reconnaître les signes de manipulation et de maltraitance.
Claude Ardid cherche à choquer, mais surtout à faire réagir. Dans son livre, il raconte l’histoire bouleversante de Lucie et de sa fille Clara. Lucie, une mère complètement dépassée, regarde sa fille s’enfoncer sans savoir comment l’en sortir. Clara a 15 ans et elle est déjà dépendante à la drogue. Elle est même devenue proxénète à son tour, allant jusqu’à recruter des filles encore plus jeunes.
Des mères comme Lucie, il y en a plein. Des femmes qui en viennent à espérer que leur fille finisse en prison ou à l’autre bout du monde, seulement pour qu’elle échappe à ce cauchemar. Toutes disent la même chose : « Jamais on n’aurait cru que ça pouvait nous arriver. »
Dans ce livre de récits chocs, il y partage des moments d’une violence rare : un interrogatoire auquel il a assisté. Une jeune fille est interrogée par une enquêtrice, mais elle ne répond presque pas, ou seulement des mots incompréhensibles. C’est en l’obligeant à ouvrir la bouche qu’ils découvrent qu’elle a une grave infection à la gorge, ravagée par la prise de protoxyde d’azote, ce “gaz hilarant“ devenu courant chez les jeunes. Elle a treize ans et a déjà le corps détruit.
Ce livre, aussi dur soit-il, pousse à se poser les bonnes questions, il secoue et c’est tant mieux. Parce qu’en 2025, il ne devrait pas falloir un viol, une overdose ou une disparition pour que l’on commence à ouvrir les yeux sur la sécurité des plus jeunes, sur ce qui se passe sur les réseaux, ou dans la rue. Et vous, parents, peut-être qu’en le lisant, vous prendrez conscience de ce qui peut réellement arriver à vos enfants et que ça n’arrive pas qu’aux autres.
Louna Martin Béarn, Stagiaire en journalisme
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